19.12.05
Pour son nouveau projet intitulé Nine Horses, le beau ténébreux David Sylvian a collaboré avec le fringant batteur Steve Jansen (ex-camarade de Sylvian dans Japan) ainsi que le classieux Berlinois Burnt Friedmann (Flanger, The Nu Dub Players). Oui, en bon esthète qui se respecte, David aime s'entourer de beauté(s) et il a bien raison. Pas étonnant alors que Snow Borne Sorrow, le premier album de cette formation déjà mature - où l'on réalise combien les idées de chacun ont permis de façonner une entité indivisible et incompressible - repose sur une adéquation de morceaux issus de séances intenses d'écriture symbiotique (quand tant d'autres trios ponctuels et éphémères reposent sur de laborieuses improvisations). A ce mantra, se sont également greffées les contributions de Arve Henriksen (Supersilent), Ryuichi Sakamoto et Stina Nordenstam. C'est d'ailleurs avec cette dernière que Sylvian partage l'accrocheur Wonderful World, véritable numéro de duettistes à l'ambiance feutrée sur lit d'arrangements ambitieux tandis que les paroles, elles, se veulent un brin sardonique sur le monde contemporain. Remarquable également, est l'élégance avec laquelle s'insère la trompette chercheuse de Henriksen sur le morceau-titre Snow Borne Sorrow, la plage la plus ouvertement expérimentale de l'album (en cela, possible prolongement de A Fire In The Forest sur le beau et dépouillé Blemish, troublant manifeste de minimalisme émotionnel sorti en 2003). Le souffle de Henriksen représente ici un élément provisionnel de suture entre les textures électroniques et rythmiques de Friedmann et les traitements percussifs effleurés de Jansen. Parmi les réussites de cet opus, il faut également évoquer l'expressif A Histoty Of Holes, dont la volupté et le caractère hypnotique émanent directement des meilleurs moments de Dead Bees On A Cake (1999).
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